La tyrannie du « bien vieillir » de Michel Billé et Didier Martz, Le Bord de l’eau, 2010
« Bien vieillir ». Pourquoi parler aujourd’hui du « bien-vieillir »? Parler de bienvieillir suppose-t-il l’existence d’un « mal-vieillir »? D’un « mauvais vieillir »? Mais qu’es-ce que mal-vieillir? Aux yeux de qui? Quelle est la responsabilité du sujet dans le faite de mal vieillir? Jusqu’ou, lorsque l’on parle de « bien-vieillir », la vieillesse devient-elle une norme? Et qui la définie? Quel écart tolère-t-on? Avons-nous le droit de vivre aussi longtemps que l’on voudrait à la condition de ne pas « mal-vieillir »? Vieillissez, mais vieillissez bien ! Michel Billé & Didier
Martz, dans ce petit essais s’efforcent de déconstruire l’idéologie douce mais néanmoins tyrannique du « bien vieillir » en dénonçant la double injonction à la performance et au bien-être individuel dans l’accompagnement des personnes âgés. Michel Billé et Didier Martz, respectivement sociologue et philosophe, pointent les dérives de la médicalisation de la vieillesse en montrant combien le terme de bien-vieillir tente d’occulter – tout en les accentuant, les représentations morbides autour de la vieillesse : antichambre de la mort, fardeau, dépendances,
déclins, déchéances, pertes, suites de retraits. Sous l’alibi du bien-vieillir, les personnes âgés seraient de plus en plus sous l’emprise de normes sociale prescriptives. Le terme de bien-vieillir révèle combien l’on ne parvient plus à percevoir la vieillesse aujourd’hui comme une chance, une ressource. La vieillesse devient un risque diffue, canalisateur de peurs collectives, mal à
« gérer », à « administrer ».
Aurélien Dutier
Chargé de mission, EREPL