Mouvoir librement son corps, circuler librement dans un espace, entrer et sortir librement d’un établissement, choisir librement son lieu de vie, …autant de droits fondamentaux que toute personne peut légitimement revendiquer quelle que soit sa situation.
Pourtant, dans le champ sanitaire, social et médico-social, le respect de cette liberté se heurte fréquemment à des impératifs, des contraintes ou des limitations : mise en place de mesures de contention ou d’isolement, limitation de la libre circulation dans un établissement, absence d’accessibilité de l’espace pour les personnes en situation de handicap….
Qu’elles soient subies ou choisies, directes ou indirectes, physiques ou psycho-sociales, les différentes limitations de la liberté d’aller et venir des personnes accompagnées ou soignées méritent d’être interrogées, évaluées et discutées à travers le prisme de la réflexion éthique.
La thématique de la liberté d’aller et venir ne saurait être cantonnée aux seuls questionnements éthiques concernant le recours à la contention dans le domaine du soin ou de l’accompagnement. Une pluralité d’enjeux peut être pensée et articulée autour de cette liberté première :
– Comment concilier le respect de la liberté et l’impératif de protection des personnes, en particulier lorsque leurs capacités cognitives, leurs possibilités de communication et de discernement sont altérées ?
– Comment appréhender l’organisation de l’espace du soin en fonction des besoins, des capacités et des choix des personnes accompagnées ?
– Comment, en établissement médico-social, réconcilier les contraintes imposées par une organisation collective et les besoins singuliers des personnes accompagnées ?
– Quel équilibre trouver entre la prise en compte de la vulnérabilité des personnes et le respect de leur choix ?
– De quelle façon l’organisation spatiale du soin et de l’accompagnement révèle-t-elle quelque chose de notre rapport intime à l’espace et au temps ?
– Comment repenser l’accessibilité des personnes en situation de handicap ?
La 3ème journée de l’EREPL propose d’aborder la thématique transversale de la liberté d’aller et venir en la confrontant à différentes pratiques, à différents regards (médecine, philosophie, politique, histoire, droit, urbanisme, etc…) et à différents espaces de vie (établissement sanitaire, social ou médico-social, domicile, Ville, …)
A partir d’une prise de sang réalisée chez un homme et une femme qui désirent un enfant, un nouveau test génétique permettra bientôt de connaître, avant la grossesse, le risque pour le couple d’avoir un enfant atteint de certaines maladies génétiques graves (mucoviscidose, myopathies, maladies avec déficience intellectuelle,…).
Ce test génétique, déjà proposé dans d’autres pays, soulève de nombreuses questions médicales et éthiques : Quelles sont les maladies concernées par ce test ? Comment l’information sur ce test serait-elle donnée aux futurs parents ? Que faire lorsqu’une anomalie sera détectée ? Ce test est-il fiable ? Quel est son coût ? Serait-il remboursé ou bien à la charge des couples ? Est-ce envisageable et acceptable de faire disparaître totalement des maladies telles que la mucoviscidose ?
La soirée-débat organisée par l’EREPL et le CHU de Nantes sera l’occasion d’aborder toutes ces interrogations en présence de spécialistes qui répondront aux questions du public.
Programme :
Introduction du sujet
Dr Bertrand ISIDOR, praticien hospitalier, service de génétique médicale du CHU de Nantes – Présentation des résultats d’une enquête et d’une étude
Valérie BONNEAU, médecin généraliste à Rezé-les-Nantes
Eugénie HOARAU, médecin généraliste à St Nazaire
Table ronde (animée par Frédéric LOSSENT, journaliste)
- Dr Bertrand ISIDOR, praticien hospitalier, service de génétique médicale du CHU de Nantes
- Guy MINGUET, professeur de sociologie, Ecole des Mines de Nantes
- Mauro TURRINI, Data Santé, Université de Nantes
- Dr Miguel JEAN, praticien hospitalier, directeur de l’EREPL
- Dr Maud JOURDAIN, département de médecine générale, Université de Nantes
Entre pratiques médicales et rites funéraires, entre représentations et réalités, la place du corps défunt soulève toujours autant d’interrogations chez les professionnels du soin et dans le grand public. Au cours de cette soirée-débat organisée par l’EREPL, plusieurs acteurs issus de disciplines différentes (médecine, droit, sciences humaines) auront l’occasion d’échanger avec le public sur les enjeux éthiques autour du corps défunt. Ils aborderont des questionnements qui nous concernent tous : comment considérer le corps défunt ? Un objet ? Un sujet ? Comment respecter les choix de la personne ? Comment comprendre l’évolution et la diversité des normes sociales ? Pourquoi parler d’équité, de justice?
Intervenants de la table ronde :
- Magali BOUTEILLE-BRIGANT Maître de conférences en droit privé – Le Mans Université
- Sylvie CLASSE Ancienne cadre supérieure de santé au Centre Hospitalier du Haut-Anjou
- Dr Florence DECIRON-DEBIEUVRE Chef de service du SAMU 72 et responsable de la coordination pour les prélèvements d’organes et de tissus – Centre Hospitalier Le Mans
- Hervé GUILLEMAIN Professeur d’histoire contemporaine à l’Université du Mans
- Pr Clotilde ROUGE-MAILLART Médecin légiste – professeur de médecine légale et droit de la santé
Débat animé par Frédéric LOSSENT, journaliste